Je me rends à Managua pour rencontrer Malika, la salariée historique d'Échanges et Solidarité 44 au Nicaragua. Cette association humanitaire de Loire-Atlantique aide depuis presque 30 ans des paysans nicaraguen·ne·s via de l'envoi de matériel et le soutien à divers projets. Je me rends chez des paysans qui ont bénéficié de son aide à partir de la semaine prochaine. Malika m'a généreusement accueilli dans sa maison où j'ai passé deux nuits.


À ce stade, il est indispensable de faire un peu d'histoire. Sandino, icône du pays, était le leader de la guérilla anti-impérialiste (1927-1934) qui lutta contre le gouvernement appuyé par les marines étasuniens pour le retrait de ces derniers de son pays. Le FSLN (Front Sandiniste de Libération National) est fondé en 1961 par des étudiants de l'université de Managua dans le sillage de la révolution cubaine. Il grossit et finit par pousser les Somoza à lâcher les reines du pays en 1979 après 42 ans de dictature. Les couleurs (noir et rouge) du FSNL sont partout au Nica (peintures murales, poteaux électriques, drapeaux, etc). Le FSNL au pouvoir (très populaire dans les années 1980 chez les militants de gauche en Europe) et ses soutiens sont confrontés aux contras, une sorte de guérilla anti-sandiniste appuyée par les USA. La guerre fera 30000 morts et ne cessera qu'à la suite de l'élection de 1990 perdue par le FSLN au profit d'une coalition de centre-droit. Le FSLN revient au pouvoir en 2006, Daniel Ortega - et sa femme Rosario Murillo, vice-résidente - briguant actuellement son quatrième mandat (le troisième de suite).


Je pars donc faire un tour dans Managua, une ville étrange, très étendue et sans véritable centre. Il y a des "arbres de vie" partout (140 dans le pays au total), une lubie de Rosario. Au bord du lac a été aménagé en 2008 un énorme complexe touristique : une partie avec des restaurants et des bars et une autre qui se veut plus culturelle avec les maisons de quelques héros nationaux, des maquettes d'églises du pays, de la ville avant la catastrophe de 1972, et un Boeing 737. Pardon, un quoi ?! Oui oui, un Boeing à visiter pour les Nicaraguayen·ne·s qui ne peuvent se payer un billet d'avion. C'est beau le "socialisme". Tiens d'ailleurs, pour se balader à Managua mieux vaut ne pas être allergique aux grands hommes (forcément) qui ont forgé le destin de leur pays et apporté joie et prospérité au bon peuple. Entre les posters géants, les portraits, les statues, les noms de rues... Allez vite, direction la campagne !